Art-thérapie Historique

Art-thérapie Historique

Historique

Depuis la nuit des temps, l’homme inscrit, trace, dessine… La préhistoire en fournit un vibrant témoignage avec ces mains, ces animaux, ces scènes de chasse éclairant à tout jamais les cavernes de nos ancêtres et leurs tombes. Fonction de communication, de conjuration, de transcendence de l’invisible…, ou encore tout simplement découverte et essai d’objet scripteur avec lequel ces hommes des premiers instants de l’humanité jouent la partition d’un parcours creative élémentaire et éprouvent une pulsion créatrice. Etre d’exeption, l’humain est à lui seul art, porteur et production d’art. (Sudres 1998)!

Même après un demi-siècle d’existence et de pratique, l’art-thérapie n’a toujours pas trouvé sa place au sein des services de soins. Les difficultés de trouver un travail comme art-thérapeute dans les institutions restent actuelles. Les art-thérapeutes sont toujours à la recherche d’une reconnaissance de leur métier.

Partagée entre ses deux antagonistes l’art et la thérapie, l’art-thérapie cherche toujours son centre de gravité comme des modèles théoriques sur lesquels s’appuyer. Et c’est bien autour de ce domaine théorique que dépend l’avenir de l’art-thérapie en tant que thérapie à part entière. Les conceptions et théories sur lesquelles sont fondées l’art-thérapie sont encore fort diverses. Actuellement, il est encore peu fréquent de rencontrer un modèle théorique de l’art-thérapie basé sur l’utilisation de l’art comme un média, un support du processus thérapeutique qui à ce titre est intégré dans la globalité de la prise en charge des patients aux côtés d’autres types de thérapies tels que les thérapies cognitives, comportementales et systémiques par exemple.
Le concept de l’art-thérapie est né sous sa forme actuelle de l’observation clinique et a pris son envol au XXème siècle seulement. Il se repose sur la constatation que l’expression spontanée des malades asilaires a une fonction thérapeutique.

On reconnaît que les productions graphiques et picturales des patients sont souvent le reflet de leur pathologie et on observe que les patients expriment leurs angoisses et délires au travers de leurs productions. On constate aussi que les œuvres des patients peuvent refléter le côté sain de leur psychisme. L’une ou l’autre de ces possibilités conduisent à des déductions thérapeutiques. D’après Verdeau-Paillés « on pouvait d’une part s’appuyer sur l’acte créateur pour aider les patients à exprimer leurs difficultés et d’autre part, pour développer en eux le désir et les moyens de les combattre. » (Bulletin de psychologie 2003, p.769)

 

En 1907, paraît « l’art chez les fous » de Marcel Reja qui se révèle être le véritable précurseur de ce qu’on appellera la psychopathologie de l’expression. W. Morgenthaler, un psychiatre suisse publie à son tour en 1921 une monographie présentant le cas d’Adolf Wölfi, un patient schizophrène interné à l’hôpital de Waldau pendant de longues années. Dans cet article, W. Morgenthaler (1921) insiste pour démontrer que l’activité picturale d’un patient psychiatrique peut relever des aspects positifs créateurs sinon artistiques possédant parfois un style tout à fait original. D’après lui, en opposant des formes au chaos menaçant, le malade peut obtenir une sorte de libération de lui-même.
L’observation de l’expression spontanée des patients et de son effet thérapeutique est la source d’une première organisation conceptuelle dont sont issues la thérapie d’occupation et l’ergothérapie. Les patients vont mieux dès qu’on les laisse s’occuper eux-mêmes de quelque chose qui est étroitement lié avec leur mal. Par la suite l’idée de créer dans le but de se distraire est remplacée par celle de créer pour s’exprimer.

Parallèlement, la psychanalyse s’occupe des différentes modalités d’expression du patient dans le but d’établir un diagnostique par l’interprétation des créations. Cette influence dans l’interprétation des œuvres en création est toujours actuelle aujourd’hui.

Références Européennes et étrangères

En Europe ce n’est que vers les années 1970 que l’art-thérapie se dégage de l’emprise de la psychanalyse en développant des écoles différentes de celles d’une orientation psychanalytique. C’est surtout en France, dans les années 80, qu’il commence à y avoir des publications phares sur l’art-thérapie en général (Forestier et Chevrollier 1982) des ateliers d’expression (Broustra, 1986) et des revues telle que « art et thérapie » (1981) fondée par Jean-Pierre Klein. La décennie 80 marque un virage pour l’art-thérapie. De la création spontanée clandestine, on commence à encadrer et on institutionnalise. Les premières formations universitaires voient le jour. Par exemple, au Royaume-Uni, plusieurs formations existent depuis plus de 15 ans. L’art-thérapie est reconnue comme profession paramédicale.

Au Canada, la fondation de l’art-thérapie est l’œuvre de 4 figures pionnières : Marie Revai de Montréal, Martin Fisher de l’Ontario, Irène et Selwyn Dewdney.
Au cours de la seconde moitié du 20ème siècle, les art-thérapeutes s’organisent de plus en plus, en créant des programmes universitaires du 2ème cycle, des associations professionnelles et en réalisant des journaux. L’Association Canadienne d’Art Thérapie est fondée en 1977. Un an plus tard, l’Université Concordia commence à offrir des cours en art-thérapie et à mettre en place un programme de maîtrise en 1983.